Soin peau à peau et soin kangourou :
Des supers soins qui favorisent le développement du cerveau et de ses fonctions chez le nouveau-né prématuré ou malade
Que disent les études de l’impact du soin kangourou sur le développement du cerveau ?
Des enfants, des adolescents et des jeunes adultes né prématurément, ayant bénéficié du soin kangourou ou non, ont été comparés à des enfants, des adolescents et des jeunes adultes nés à terme. Les résultats sont sans appel : les soins peau à peau et kangourou permettent aux fonctions cérébrales et aux différents organes du cerveau de ressembler à ceux des enfants nés à terme, à l’âge adulte. Le soin kangourou permet dans une certaine mesure de contrebalancer les effets de la prématurité ou de la maladie *. Il offre un « rattrapage » aux bébés vulnérables.
Comment expliquer les supers pouvoirs du soin kangourou ?
En soin kangourou, le cerveau est mieux oxygéné **. Des zones cérébrales, les cortex frontaux, moteurs et somato-sensori-moteurs primaires, en particulier sur l’hémisphère droit, sont activées au cours du soin kangourou**. Ces aires cérébrales contrôlent la coordination musculaire, les mouvements de la tête et du cou, comme la mastication et la déglutition. Elles sont, pour certaines, le siège de la mémoire, de la prise de décision, de la créativité. D’autre part, le système nerveux parasympathique est prévalent pendant le soin kangourou : le bébé est moins stressé (baisse du cortisol), il sécrète des hormones qui l’aident à grandir et à se sentir bien (hormone de croissance, ocytocine…).
illustration : @ladoucejournée
Le peau à peau doit être pratiqué aussi longtemps que possible. Plusieurs études, dont la dernière est parue en janvier 2022***, montre que l’accroissement de la substance blanche et grise du cerveau du bébé est directement corrélé au nombre de jours de soin kangourou. Il existe un effet dose du soin kangourou et pour chaque jour de soin kangourou supplémentaire, on note une augmentation de matière grise. Cela confirme, des résultats plus anciens sur le neurodéveloppement, et ce, même à long terme, 20 plus tard, sur des adultes ayant bénéficié de soins kangourou à la naissance.
Ces supers pouvoirs dépendent de la précocité du soin kangourou et de sa durée :
Plus tôt le bébé est placé en soin kangourou, plus longtemps il y reste par 24 heures, meilleurs sont les résultats **** C’est pour cette raison que SOS Préma soutient les hôpitaux en offrant des écharpes de portage en peau à peau et des fauteuils de transfert « spéciaux ».
Comment garder pendant de si longues heures un bébé en soin kangourou ?
Cela n’est pas facile. C’est pourquoi, il est nécessaire de se relayer pour offrir du soin kangourou à son bébé.SOS Préma a obtenu dès 2019 un congé de paternité ou co-parent spécifique si le bébé est immédiatement hospitalisé. Le père ou le co-parent bénéficie de ce congé pendant l’hospitalisation du bébé, dans la limite de 30 jours. Ce congé est cumulable avec le congé de paternité classique de 25 jours calendaires (32 jours en cas de naissances multiples). Grâce à ce congé, il peut être présent auprès de son bébé et relayer la maman, dans les soins, et notamment le peau à peau.
La Charte du Nouveau-Né Hospitalisé, portée par SOS Préma et la Société Française de Néonatologie, sous le patronage du ministère de la santé depuis 2021, offre la possibilité aux parents de faire appel à des personnes ressources, des personnes de confiance qu’ils ont choisies, pour les relayer auprès de leur bébé, s’ils en ont besoin.
La naissance d’un bébé fragile hospitalisé est une épreuve pour tous les parents. Cette épreuve marque leur vie pour toujours.
Un super entourage peut les aider concrètement au quotidien : garde de la fratrie, petits plats et travaux ménagers. Ce soutien est primordial. Les parents ont aussi besoin de ne pas se sentir jugés au travers d’une grande écoute et beaucoup d’empathie. Le travail qu’ils accomplissent auprès de leur bébé est si précieux pour lui et son avenir.
Témoignage de Mathilde, mère d’Adam, né à 27SA +1 :
“Adam est né à 27 SA +1, 1,050kg, 37cm. Beaucoup trop tôt, et des parents beaucoup trop peu préparés. Notre 1er peau à peau a eu lieu à son 3ème jour de vie. Les infirmières nous avaient dit que nous ferions du peau à peau, dès que ce serait possible. Mais ça restait abstrait. Et avec tous ces fils, je pensais que j’allais devoir attendre très longtemps avant d’avoir mon bébé contre moi. Ce soir-là, c’était ma dernière nuit à la maternité avant de rentrer chez moi. Je voulais profiter d’être à un étage d’écart de mon fils, je suis retournée le voir à 21h. C’était calme dans le service. J’admirais Adam dans sa couveuse quand, soudain, Laetitia, son infirmière cette nuit-là, m’a dit : « Vous voulez le prendre en peau à peau ? » Naïvement, et pleine d’angoisse j’ai répondu : « Oui…mais je ne sais pas faire. ». Elle a souri avec toute sa bienveillance et m’a dit que tout allait bien se passer. Laetitia m’a expliqué chacun des gestes. Elle m’a installée sur un fauteuil, a fait en sorte que je sois le plus à l’aise possible. Moi, torse-nue sous ma blouse, je la regardais manipuler ce si petit bébé qui était descendu à 950 grammes. J’avais froid, j’avais chaud, j’avais peur. C’est mon premier enfant, je ne sais pas ce que c’est que d’avoir son enfant contre soi. Encore moins son bébé sous assistance respiratoire, avec des électrodes et une sonde gastrique.Et là, Laetitia m’a posé Adam contre moi, sa peau contre ma peau… et j’ai découvert le fameux « peau à peau ». Une émotion si intense m’a envahie, j’ai pleuré, beaucoup. Impossible de dire si c’était de la joie ou de la tristesse. Je crois que c’était un mélange. 3 jours après la naissance d’Adam, je concrétisais enfin le fait que j’avais un bébé, il est bien là, je le sens contre moi, je sens ses légers mouvements. Le peau à peau a été si bénéfique, c’était un instant magique, hors du temps, qui m’a permis de me rendre compte que oui, j’étais bien devenue maman, et mon bébé est là, nous sommes ensemble et nous nous battrons ensemble pour la vie. Je suis restée plus de 2h en peau à peau.
Dès le lendemain, c’est le papa qui a eu le droit à son 1er peau à peau. Et il ne se passa plus un jour sans un peau à peau avec Adam… nous sommes restés 73 jours en réa-néonat’. Le personnel soignant nous a beaucoup vanté les bénéfices du peau à peau et, au fur et à mesure des jours, nous étions convaincus que c’était bien pour le développement d’Adam… et pour notre moral ! Les médecins nous avaient dit de viser la date du terme prévu pour notre sortie de néonat’. Nous sommes sortis 3 semaines avant. Il parait que notre présence quotidienne a aidé Adam. Aujourd’hui, Adam a 2 ans et n’a aucun retard. Ni moteur, ni neurologique. Et il est en pleine forme ! C’est lui qui a fait le plus gros du boulot mais j’aime à croire que notre présence a eu un impact positif sur son développement. Comme si nous avions des super-pouvoirs qui l’aidaient à se battre. Il savait qu’on était là pour lui. Et pour toute la vie.”
Etudes scientifiques :
*Schneider 2013, Feldman 2014, Charpak 2022, Harrisson 2019
**Koraa 2014, Bembich 2023
*** Nathalie Charpak & al, janvier 2022
**** Casper 2018, Le Ray 2022, Mitha (publication en cours)
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